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III- Une expérimentation concrète réalisée aux États-Unis mais impossible en France

1- L'étude d'un cas clinique aux États-Unis

En 2011, aux États-Unis, l'institut californien de l’œil, Jules Stein a lancé des essais cliniques vérifiant la tolérance et la sécurité de la transplantation de cellules souches embryonnaires humaines développées en cellules de l'épithélium pigmentaire dans le cadre du traitement de la dégénérescence maculaire liée à l'âge. Cette étude est dirigée par le chercheur Steven D Schwartz.

En résumé : 

Ces essais ont été menés sur seize personnes, hommes et femmes de 55 ans et plus. Durant la phase d'observation, aucun patient n'a perdu la vue et, durant les quatre premiers mois, les cellules implantées n'ont montré aucun signe d'hyper-prolifération,  de tumorigénicité , de développement anormal ni même de rejet immunitaire de la greffe.

Les sélections :

 

Les patients ont été sélectionnés suivant une liste de critères bien précis, ils doivent avoir 55 ans ou plus, la possibilité de subir une chirurgie vitréo-rétinienne (chirurgie touchant à la cavité vitréenne et à la rétine) ainsi que la possibilité psychologique de participer à un essai réalisé pour la première fois sur l'Homme. Les patients ne doivent pas présenter de signe de quelconque maladie de l’œil autre que la DMLA sèche, ni avoir d’antécédent de cancers dans sa famille ni de contre-indication à un traitement immunosuppresseur. Si ces conditions sont réunies, le patient doit alors écrire une déclaration donnant son consentement à la réalisation de la chirurgie et son accord éthique avec les pratiques de l'université de Californie.

Un opthalmologue examine son patient

Boîtes de pétri sur lesquelles nous pouvons voir les cellules épithéliales pigmentaires une fois différenciées

Le développement des cellules souches embryonnaires :

 

Pour créer les cellules de l'épithélium pigmentaire, les scientifiques ont utilisé une lignée de cellules embryonnaires humaines appelée MA09. Ces cellules ont subit une exposition ex-vivo   avec des cellules embryonnaires de souris et sont ainsi considérées en tant que produit de xénotransplantation. Les cellules MA09 sont décongelées et se développent sur des fibroblastes  d'embryon de souris traitées avec de la mitomycine C qui est un antibiotique utilisé dans le traitement de certains néoplasmes.

Une fois l'embryon formé et les cellules développées, les cellules de l'épithélium pigmentaire sont isolées grâce à du collagène  puis purifiées. Les cellules sont ensuite développées et cryogénisées par soucis de conservation.

Plus de 99 % des cellules souches embryonnaires se sont transformées en cellules de l'épithélium pigmentaire. Les cellules montraient une comportement typique de cellules d'épithélium pigmentaire. Comme les cellules souches embryonnaires ont été exposées à des cellules animales, les cellules obtenues ont été testées massivement pour savoir si elles étaient pathogènes (capable de transmettre une maladie). Il résulte de ces tests que les cellules ne sont pas infectieuses ni pour l'homme ni pour les animaux. De plus, l'équipe de scientifique estime que dans six boites de pétri, ils ont 1,5x10⁸ cellules de l'épithélium pigmentaire ce qui est suffisant pour traiter environ cinquante patients.

L'opération :

 

Les cellules doivent maintenant être implantées dans l’œil pour pouvoir agir et réparer la rétine. Pour ce faire, les chirurgiens retirent une portion de l'humeur vitrée et installent une séparation entre celle-ci et le nerf optique. Ils injectent ensuite derrière la macula 5x10⁴ cellules de l'épithélium pigmentaire concentrées dans 150 microlitre dans une région périphérique de la macula qui n'est pas totalement touchée par la maladie afin de maximiser les chances de l'intégration de la transplantation et, pourquoi pas, la réhabilitation des photorécepteurs. Les scientifiques pensent en effet que la greffe de cellules de l'épithélium pigmentaire dans une région complètement atrophiée de la macula amène à une perte de la membrane de Bruch. De plus, une fois l'atrophie maculaire centrale complète, une greffe de cellules ne peut être efficace dans la stratégie de régénération basée sur l'implant de cellules souches.

En outre, une semaine avant l'intervention, les patients sont mis sous un traitement immunosuppresseurs qu'ils devront aussi continuer pendant six semaines après l'intervention de façon à ce qu'ils ne rejettent pas la greffe.

Les résultats :

 

Les scientifiques ont enregistré des progrès de l'acuité visuelle chez les patients dès la deuxième semaine suivant l'intervention, en effet, avant l'opération, un patient pouvait lire 21 lettres de l'échelle ETDRS (Early Treatment Diabetic Rethinopathy Study) et, deux semaines après, en lire 33. Par ailleurs, à la sixième semaine ce patient ne pouvait plus lire que 28 lettres de cette échelle. En tout cas, des examens ont révélés que le champ visuel des patients n'a pas baissé et a même légèrement augmenté. De plus, l'oeil non opéré montre lui aussi une augmentation des fonctions visuelles.

Echelle ETDRS

En conclusion, les scientifiques sont satisfaits du résultat de l'opération, ils trouvent que les cellules souches embryonnaires sont la bonne solution puisqu'elles ont la capacité de proliférer infiniment constituant une source illimitée de cellules utilisables. Contrairement aux cellules adultes et fœtales. En outre, la différenciation des cellules au stade du développement in-vitro est contrôlé très précisément de façon à en maximiser la survie.

Leurs recherches et expérimentations ont ainsi permis de montrer que la greffe de cellules de l'épithélium pigmentaire obtenues à partir de cellules souches embryonnaires n'est pas dangereuse, les cellules se comportent et se développent normalement et sont bien acceptées par le corps humain. Ils continuent à surveiller les patients pour détecter tout signe de problème et espèrent ainsi développer le processus pour, à terme, traiter les patients plus tôt dans la maladie et augmenter la probabilité de stopper la dégénérescence des photorécepteurs et donc la perte de la vision centrale.

*Positionner la souris sur les mots suivis d'un astérisque pour en faire apparaître la définition

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